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SCORDATURA,
concerto n°2 pour violon(s) et orchestre (25')
SCORDATURA - Bernard Cavanna
for violin and orchestra (25')
Création au T2G, Théâtre de Gennevilliers
12 mars 2019
Noëmi Schindler (violons)
Orchestre de Picardie
Direction :Arie van Beek
SCORE
un concerto entre deux mondes
T2G
France Musique
Nous ne sommes plus dans les usages de certaines scordature employées par certains compositeurs autrefois mais dans des systèmes qui ouvrent des espaces étonnants, offrant des perspectives nouvelles.
Il s'agit d'un "violon abimé", presque cassé, comme si l'on avait retrouvé dans un grenier un instrument oublié dans sa boite depuis plus de cent ans !
« Tout le premier mouvement de ce concerto repose sur la quête, la recherche du sol-ré-la-mi, (comme une sorte de paix absolu !) ces fameuses cordes à vide qui ouvrent le concerto à la mémoire d'un ange, ou le concerto de Ligeti, mais cette fois-ci, ces quintes (sol-ré-la-mi), lorsqu'elles seront gagnées avec une telle scordature, devront être jouées appuyées sur le manche et dans des positions élevées, et forcément plus tendues et plus du tout dans le repos espéré. »
1999 - 2019
Vingt ans après la création de mon 1er concerto en 1999, notre époque n'est plus la même ; nous pouvons presqu'affirmer qu'un changement de civilisation s'annonce, plus encore qu'avec la Révolution industrielle du XIXe siècle ; les valeurs d'aujourd'hui ne sont plus celles qui ont fermé le siècle dernier, qui restait encore bien ancré dans les archétypes de l'ancien monde.
Et ce 2e concerto s'appuie fortement sur ce constat. Il oppose quasiment deux mondes, l'un ancien, où la nostalgie de la variation s'exprime et l'autre très brutal où le rythme s'est réduit au seul énoncé d'une pitoyable pulsation à 130 la noire, comme dans la musique techno et là, plus de variation possible, des boucles comme seule ambition, comme si l'on souhaitait viser l'espace du seul cerveau disponible pour reprendre l'expression d'un sinistre marchand.
La partie de violon solo nécessitera quatre violons accordés avec une scordature spécifique ; l'un restera avec l'accord traditionnel (sol-ré-la-mi) mais les autres seront soumis à des accords bien iconoclastes et périlleux, dont une scordature bien extrême : fa grave-do#-fa (une tierce en-dessous de la corde de La) et fa# une septième mineure en-dessous de la corde de mi !
il s'agit une nouvelle fois d'une histoire de "liens", comme dans le premier concerto ; tout ce qui touche à notre condition humaine, la relation à l'autre, l'amour de l'autre, lui faire oublier - même si ce n'est qu'une illusion - que l'on ne vit ou l'on ne meurt pas seul.
Ce qui les sépare, peut-être la facture : le premier concerto était inscrit dans une pensée plus classique même si la soliste était mal-menée par des oppositions orchestrales inhabituelles dans un genre - le concerto - où le rôle de l'orchestre est plutôt de la "magnifier".
Mais évidemment, ce sont le nombre de violons que Noëmi joue et ces scordature impossibles qui différencient ce nouveau concerto à celui écrit en 1999.
Formation :
2 fl, 2 hbt (cor anglais), Clarinette, Clarinette basse, basson, contrebasson
Cornemuse (bagpipe)
2 Cors, 2 Trp, Trombone basse
2 Perc
Mandoline
Violon solo (4 violons avec 3 scordature différentes)
Cordes : 8 6 4 4 2
+ Electronique (diffusion de sons technos)