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Portrait Bernard Cavanna
par Christine Labroche et Virginie Pallu
L'univers musical de Bernard Cavanna est strictement le sien, iconoclaste, éclectique, volontiers provocateur et souvent d'une violence en totale opposition à sa douceur naturelle. Il cultive le contraste mêlant une écriture savante aux résurgences populaires, exploitant le tonal comme le dissonant, opposant le cru à la subtilité harmonique, et passant d'une fine recherche timbrale à des rudoiements sonores. Ses compositions peuvent bercer ou secouer, marquer ou heurter, elles restent fermement empreintes d'une urgence intérieure qui laisse déceler une attention portée en profondeur au plus infime détail technique en fonction du regard intense qu'il porte sur l'éclat ou le dilemme humain à la racine de son inspiration.
Christine Labroche
C'est sur les conseils d'Henri Dutilleux puis avec l'aide de Paul Méfano et de Georges Aperghis que Bernard Cavanna se lance dans la composition ; mais son influence principale demeure la musique et la pensée du compositeur roumain Aurèle Stroë, dont il réalisera en 2000 avec Laurence Pietrzak un portrait filmé en forme d'hommage.
Il invoque également, sur le ton de la boutade, les figures tutélaires de Bernd Alois Zimmermann (« l'érudition comme collage inquiet ») et de Nino Rota (« le Weill latinisé », Pascal Huyn).
Singulièrement libre à l'égard des dogmes, son oeuvre témoigne d'une inventivité tout intuitive et d'un savoureux éclectisme qui mêle veine populaire et legs romantique.
À son répertoire, qui couvre tous les genres, figurent notamment quatre concertos composés pour trois de ses instruments de prédilection : le Concerto pour violon (1998-99), Scordatura, concerto n°2 pour violon (2018-19)le Double concerto pour violon et violoncelle (2007) et le Karl Koop Konzert (2008) pour accordéon, créés respectivement par Noëmi Schindler, Emmanuelle Bertrand et Pascal Contet.
Messe un jour ordinaire, oeuvre prégnante, sulfureuse et d'une rare violence, pourrait être sa pièce la plus forte tout comme sa composition, créée en 2013 par l'Ensemble Ars Nova, pour trois ténors et ensemble de 18 instruments d'après À l'agité du bocal de Louis-Ferdinand Céline.
Est paru chez Aeon (janvier 2011) un CD monographique (Prix Charles Cros 2012) auquel est associé un DVD présentant le documentaire que lui a consacré Delphine de Blic, "La peau sur la table" (Prix Sacem 2010 du meilleur documentaire musical).
En juin 2016, une nouvelle parution chez NoMadmusic consacré à ses transcriptions des Lieder de Schubert et ses deux trios avec accordéon sera saluée par le journal Le Monde comme l'un des meilleurs albums de l'année 2016.
Depuis 2016, en résidence à l'orchestre de Picardie, Bernard Cavanna inaugure une manière tout autre d'aborder le matériau musical par l'écriture de la pièce Geek bagatelles (2016) d'après huit fragments de la IXe symphonie de Beethoven et du second concerto pour violon, Scordatura qui demande à la soliste de jouer alternivement de quatre instruments dans des scordature bien iconoclastes.
Virginie Palu
Bernard Cavanna fut titulaire de la Bourse annuelle de la création (1984), pensionnaire à la Villa Médicis (1985/1986), Prix SACEM de la meilleure création contemporaine (1998), Prix de la Tribune Internationale de l'Unesco en 1999, Victoire de la musique (2000), Grand Prix de la musique de la SACD (2007) très récemment le Prix International Arthur Honegger (2013) et le Grand Prix de la SACEM.
site: www.bernard-cavanna.comsite de l'édition: editionsdelagite.net