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Cavanna, un jour ordinaire (1998)
d'Isabelle Soulard, documentaire 26'
Réalisation: Isabelle Soulard Production: Morgane production, Mezzo, avec le soutien de France 2 et la participation du CNC et de la DMDTS - 1ère diffusion: 27 novembre 1998
Cavanna, un jour ordinaire
Documentaire d'Isabelle Soulard (1998) - 26'
Lien vers le CNC
La musique de Bernard Cavanna occupe aujourd'hui une place officielle dans le répertoire contemporain. Pourtant, cet homme à la personnalité atypique refuse de tout sacrifier à la composition. Directeur du conservatoire de Genevilliers, très actif au sein de l'association musicale 2e2m, il tient à garder ces fonctions pour rester proche de la réalité. Portrait d'un musicien sensible et charismatique pour qui l'engagement musical est "un acte politique".
Article paru dans l'édition du journal Le Monde le 27 novembre 2005
Il est des musiques formelles et des musiques habitées. Les premières sont seulement séduisantes, bien faites à l'évidence ; les secondes touchent, au-delà de leur esthétique, parce qu'on y perçoit la présence de l'auteur.Bernard Cavanna (né en 1951) fait partie des compositeurs qui sentent la musique qu'ils écrivent. Enfant, il restait à écouter son grand-père jouer de l'accordéon dans un coin, pour lui seul. A 9 ans, il trouve tout naturel de composer ; il apprend un peu de piano avec un professeur hors du commun et, sans passer par le Conservatoire, montre ses essais (une fois l'an) à Henri Dutilleux, qui les corrige sévèrement. Quand il en sort enfin quelque chose d'exécutable, Paul Méfano le révèle au public des concerts de l'ensemble 2e 2m. Io est un succès ; Ion, d'après Euripide, présenté à Avignon en 1982, sera un désastre et une leçon décisive.Depuis lors, Bernard Cavanna ne se fie plus qu'à son instinct. « Je compose de manière intuitive, comme un sculpteur, dit-il. J'ai une idée, mais j'essaie de ne pas trop m'y conformer. » Son Concerto pour violon destiné à Noémie Schindler, son étrange trio avec accordéon (une façon, selon lui, d'échapper à la préciosité des cercles de l'avant-garde), Vivo, sa dérangeante Messe pour un jour ordinaire, son opéraLa Confession impudique, sont des oeuvres dont l'oreille garde une trace sensible et ineffaçable. Tourné en 1998, le documentaire d'Isabelle Soulard élargit le portrait et conserve son actualité. Car Bernard Cavanna est toujours directeur de l'Ecole nationale de musique de Gennevilliers, un lieu de ressourcement, où il se sent bien, car il y assouvit, au quotidien, son besoin de relations authentiques, tant avec les maîtres qu'avec les élèves, en évitant les rapports de pouvoir superflus, car, à son avis, « la musique n'appelle pas ça ».Aux grands, il aime à dire, pour les décoincer : « Le Conservatoire est fait pour vous, pas pour les professeurs. Vous devez avoir une attitude de pillard, prendre au maître ce qu'il a à vous donner. » Même attitude chaleureuse, comme on le verra, avec ses interprètes.
Gérard Condé
Ce film est préservé et consultable à la Bibliothèque nationale de France (bibliothèque de recherche, sur accréditation).