GEEK BAGATELLES pour orchestre
4 février - Soissons
Cité de la musique - Soissons
Orchestre de Picardie/dir : Arie van Beek
Geek bagatelles Introspections d'après quelques fragments de la IXe symphonie de Beethoven pour orchestre et ensemble de smartphones Ludwig van BeethovenSymphonie n° 7 Bernard Cavanna Arie Van Beek, direction Assistant: Pierre Bassery
Cette pièce met en scène quelques fragments de la IXe symphonie de Beethoven en les imaginant comme des "restes", des vestiges ou des ruines d'un chef-d'oeuvre disparu.Ainsi, les quelques huit fragments utilisés - parfois une seule harmonie - subissent les mêmes "outrages" que le temps, les catastrophes naturelles ou la volonté destructrice des hommes, infligent aux monuments des grandes civilisations passées: écroulement, érosion, effondrrement, décombres, éparpillement, déplacement, sable, pierres, superposition, disparition, transformation, enfouissement, ensevelissement.Il n'en demeure pas moins, que ces vestiges résistent dans leur dénuement et provoquent en nous des émotions fortes, vives, de nostalgie, de persistance, de rémanence, de poésie.L'analogie de ce temps désormais disparu, avec celui de notre propre temps, conduit à d'autres perspectives, qui viennent ici révéler nos propres disparitions, nos propres érosions, notre mémoire lacunaire, de ce qui reste en nous de distinct ou d'indistinct, nos ruines personnelles, d'éléments jadis fastueux, renvoyant aux splendeurs d'antant ou se confondant avec le sable et la poussière.Autre analogie avec les destructions récentes du Temple de Bêl à Palmyre par l'Etat islamique, destructions de nos valeurs les plus nobles, ou encore dans un tout autre domaine, mais bien plus insidieux et moins spectaculaire, la dislocation de nos sociétés, par une économie mondialisée, hégémonique, régnant en dérèglementant, par entreprises supra-étatiques, bafouant les droits fondamentaux, délocalisant, "ubérisant", sous le regard impuissant des politiques, ces chantres du consumérisme, de l'hyper-connectivité, indiquent qu'une tout autre civilisation est en mouvement - les civilisations ne sont pas immortelles - et en cela, Geek bagatelles, risque de ne plus être une fiction.Bernard Cavanna (septembre 2016)Présentation de la pièce par la CIté de la musiqueBernard Cavanna rend hommage à Beethoven avec une oeuvre nouvelle convoquant un choeur de smartphones.Hommage précédé de cette Septième Symphonie que Wagner, dans L'Oeuvre d'art de l'avenir, décrivait comme l'apothéose de la danse.Aujourd'hui, parmi les jeunes, les musiciens classiques ressemblent à s'y méprendre à des geeks : passion dévorante qui frise l'obsession, connaissance pointue d'un sujet dont leurs camarades ignorent tout, mise à l'écart de la culture courante de leur génération. Bernard Cavanna ne fait ici que pousser cette logique de rapprochement jusqu'à l'extrême. Un hommage à la fois moderne et post-moderne, et surtout plein d'humour de la part d'un compositeur connu pour ses démarches originales et iconoclastes, hors des grands courants de l'avant-garde. Au reste, Beethoven lui-même ne manquait pas d'humour ? et sa Septième Symphonie, malgré toute la noblesse de son ouverture, et la dignité de son mouvement lent, n'est pas sans un authentique sens du ludique : c'est certainement à cette gigantesque explosion de joie sensuelle pure que Wagner pensait en écrivant ces mots.